Ça m’énerve de parler d’Amour à Berlin. Je suis probablement désormais en âge de me marier ou avoir des enfants, mais c’est dur de savoir ce que je veux au final. Lorsque j’étais lycéenne, j’étais persuadée que je finirais amoureuse, avec un de mes amis ou une personne de mon entourage. Je pensais savoir ce qu’être amoureuse signifiait, mais il semblerait que j’avais tout faux pendant tout ce temps.
Il y avait peut-être 6 ans, j’étais sûre d’avoir trouvé la personne avec qui je voulais finir ma vie. En fait, j’étais quasiment prête à me poser et vivre comme une adulte. Seulement, lorsque j’étais partie la première fois à Berlin, je culpabilisais de m’amuser, seule. Pourquoi? Peut-être que la vie à Mulhouse me semblait déjà trop prévisible et que j’avais besoin d’une touche de folie ailleurs. J’allais terminer mes études, mais une partie de moi me disait que je devais encore accomplir une chose, comme vagabonder un peu partout ou voyager. Ma décision de rester dans la capitale berlinoise a fait souffrir une personne et a totalement chamboulé quelques vies, y compris la mienne.
C’était dans ces moments de doute que je croisais une personne ayant le même point de vue que le mien. On se disait que Berlin était une ville de passage et qu’il fallait profiter de ces instants de vie pour voir le plus d’endroits possible, tant qu’on continue à marcher et à respirer. On était bien heureux de ne pas avoir d’enfants ou d’obligations conjugales. Malgré nos différences, on désirait le même mode de vie: accomplir des actions insolites qu’on n’aurait jamais pensé le faire dans notre vie. Dans cette période-là, je me disais que ça serait pas une mauvaise idée de me poser avec une telle personne. C’était réciproque. Mais je découvris vite que je me suis fait berner en douce depuis le début. Il était un prince dans toute sa splendeur, mais il a été surtout un très bon comédien. La situation s’était “arrangée” et j’aurais dû être heureuse que cette personne ne voulait pas me perdre. A force de jouer la fille indépendante et solide, je me rendis compte que ça ne me faisait plus rien de perdre des personnes. J’avais déjà emprunté une autre voie et je ne voulais plus revenir en arrière. Le dégoût envers cette personne m’avait dominé.
Berlin est un peu comme la continuité de mon année Erasmus. On arrive toujours un peu seuls au monde avec sa valise remplie de ces éléments définissant nos caractères, notre manière de penser, de vivre, des nos rêves. On avait un futur, mais seulement, on se demandait ce que ça ferait si on décidait de couper court. On se créé un entourage, on découvre de nouvelles personnes, on passe plus ou moins du temps avec elles, jusqu’à ce qu’on les perde. Notre conscience est entre temps tiraillé par notre famille et entourage du monde antérieur, qui évolue sans nous. Parfois, je regrette ces moments du passé et de ne plus “faire partie” du monde où j’avais tout pour construire. Et il y a des moments où, je ne regrette pas du tout d’être venue à Berlin. J’apprends tellement de choses qui m’aident finalement à m’améliorer, parce que ma fierté en prend un coup. Cette fierté où je clamais avoir accompli ce que je voulais faire pour mes parents: obtenir mes diplômes, mon permis, mon propre salaire etc. J’avais juste envie de montrer aux autres ce que je savais faire. Au final, il s’avérait que j’étais bien loin de tout cela. Malgré mes 25 ans de vie, je découvre toujours autant de situations plus ou moins désagréables, qui me donnent envie de retomber à mes années lycée.
A Berlin, il y a cet ami berlinois qui se trouvait sur mon chemin durant mes moments de doute. J’avais presque oublié à quel point les conversations amicales étaient plaisantes. On rigolait innocemment sans arrière-pensées et discutait de tout et n’importe quoi. Il a juste fallu que plusieurs verres d’alcool nous fassent délier les langues et appliquer des gestes que notre plus profond inconscient nous donne la force de le faire. Depuis cet agissement, on ressentait un petit embarras vis-à-vis de l’autre, mais on ne pouvait s’empêcher de le reproduire à chaque occasion. J’avais envie de me baffer, parce qu’à Berlin, tout est permis et je ne voulais pas devenir une personne voulant faire des bêtises sous prétexte que je m’ennuyais.
Les choses ne s’amélioreront pas non plus. Voilà deux ans que ça dure et que nous continuons à vivre sur un petit nuage. J’ai juste peur d’être naïvement heureuse, jusqu’au jour où je vais tomber de haut. Je crois qu’il ressent la même chose que moi. Plus le temps passe et plus ça devient fort entre nous. Avec Lui, c’était différent des précédentes histoires que j’ai vécues. Ça m’embête de le dire, mais j’ai envie de croire à cette histoire. A l’âge de 25 ans, je ne sais toujours pas si je veux me poser, mais une chose est sûre, je veux continuer à rire et à partager des moments heureux avec Lui. Ce Berlinois a réussi à faire chavirer le coeur de Teaso. <3