That was the best day of my life


Home Sweet Home, Humeurs / mardi, octobre 30th, 2012

Vous vous rappelez du plus beau jour de votre vie? Le jour où vous avez été plus que heureux. Le jour où vous vous êtes mariés. Le jour où votre moitié vous déclare sa flamme. Le jour où vous avez donné naissance à un enfant. Le jour où vos projets se concrétisais. Le jour où vous constatez que vos efforts ont enfin porté leurs fruits.

Le jour où vous vous dites enfin qu’il était temps après avoir vécu un tas de mauvaises choses. Le jour où vous aviez réussi un examen. Moi je me rappelle très bien du mien. J’ai connu le pire jour de ma vie. Maintenant, je peux raconter que j’ai aussi le plus beau jour de ma vie. Je crois que c’était même le seul et premier moment où je n’avais jamais ressenti une fierté aussi immense.

C’était il y a un an, le 21 octobre 2011. Je rentrais provisoirement de Berlin il y a un peu plus d’un mois, j’ai décidé de mettre tirer un gros trait à ma toute première histoire amoureuse parce que je désirais retourner à Berlin, mon moral avait pris un sacré coup et ma vie sociale devenait aussi vide que jamais. Je déprimais. Mon futur retour à Berlin dans les prochains jours était la seule petite flamme qui me permettait de surpasser ce coup.

Depuis quelques semaines, j’étais restée concentrée sur une seule chose qui était d’élaborer mon rapport de stage comme mémoire de fin d’année de Master. L’inspiration prenait du temps à revenir. Quand il s’agissait de bosser sérieusement, je traîne sur Facebook ou Twitter ou pire, je m’abrutissais en regardant les Ch’tis à Ibiza ou les Anges de la Télé Réalité sur TNT, alors que les émissions de télé réalité n’ont jamais été ma tasse de thé. Et le lendemain au réveil matinal, je culpabilise de ne pas avoir suffisamment avancé sur l’écrit.

Bon faut quand même admettre que ce n’était pas un dur labeur, j’avais juste à expliquer mes tâches et développer une problématique dans le domaine du marketing et commerce international et aussi trouver une concordance avec l’interculturalité. Mais c’est la motivation qui ne veut jamais nous aider. Et un jour, soudainement, j’ai pu écrire une soixantaine de pages (sans annexe!). Comme je le disais, c’était pas la tâche la moins laborieuse du monde, en comparant d’autres masters en France, qui demandaient parfois plus d’une centaine de pages.

J’ai imprimé mon rapport en couleur, trois différents exemplaires (un pour la fac, un pour le jury et un pour moi), préparé mon Power Point pour la dernière fois (parce que je me rappellais très bien des moments les plus fous que j’ai passés avec mes camarades en crééant des présentations au B.U.). Nostalgie quand tu nous tiens, j’ai envie de me rappeller la fois où on m’appellait Coach 55. On préparait un marketing plan consistant à lancer un robot japonais sur un marché et la partie des calculs ralentissait totalement notre avancement. Sauriez-vous, par hasard, créer un beau graphique représentant ce qu’on appelle le break-even-point? Moi je m’en rappellerai toujours. J’ai pointé la valeur 55 avec une belle et grosse flèche rose. C’était marrant la vie d’étudiante. On m’appellait Coach, parce que je voulais devenir coach interculturel. J’aimais donner des conseils interculturels à mes amis qui cherchent à dialoguer avec des personnes de cultures étrangères.

Ouais. J’en ai bavé du Power Point quelques mois auparavant.

Pour la première fois, je vais devoir faire face à un jury toute seule avec le travail que j’ai fourni toute seule, avec un résultat qui me concernera uniquement. C’était aussi un challenge pour mon égo. Quand on bosse en groupe, il y a peu de chances de savoir si justement, tu es un bon team member selon une évaluation. Pour la soutenance de ce Master, je suis l’unique personne à être évaluée. Cette fois-ci, mes copines ne sont plus avec moi, elles ont également leurs propres évaluations qui semblent, à vue d’œil déjà prometteurs.

Le pire dans tout cela, c’est que je sais très bien que j’aurais ce Master. Alors pourquoi cette boule au ventre? Parce que tout et n’importe quoi peut arriver. Il suffit d’un rien pour que tout soit gâché. J’avais sûrement peur d’être confrontée à ce genre d’épreuve. C’était même encore plus fort que mon rattrapage d’oral au bac, 3 ans plutôt. Les profs qui habituellement, étaient les plus sympas que j’ai connus, devenaient soudainement effrayants à mon goût en restant silencieux et attentifs à mon discours. J’ai tout organisé. J’ai sorti mon tailleur et mes chaussures les plus élégantes pour montrer que j’ai changé durant ces cinq mois de stage à Berlin. Je voulais mettre une certaine barrière entre nous, profs et étudiants. Je voulais montrer la confiance que j’avais gagné en moi. Apparemment c’est déjà acquis, car j’ai déjà parlé pendant dix minutes en anglais. Mis à part quelques incompréhensions assez débiles qui ne mériteraient pas que j’en parle sur cet article, j’ai même pu répondre spontanément aux questions les plus inattendues. C’était exactement comme j’avais anticipé.

Ils me donnent leurs feedbacks. Positifs. Bien plus que positifs. Ils m’ont dit que je n’étais plus la même personne, qu’ils avaient en face d’eux, non une étudiante, mais une adulte épanouie. J’étais à deux doigts de craquer en larmes, lorsqu’ils m’ont néanmoins partagé leurs avis négatifs. Je voulais pleurer. J’étais scandalisée par les mots qu’une de mes profs m’a dits. Elle m’a dit d’aller voir un psychothérapeute pour combattre ma timidité, tiens, même un psychiâtre! Je voulais lui balancer mon PC dans la gueule pour la faire taire. Mais c’était mon Master qui était en jeu et donc ma vie. Verdict:

ADMISE.

Ah oui, c’était évident quoi! Oui, c’est vrai. Mais le passage de la soutenance rend les choses encore plus compliquées et donc encore plus croustillantes à savourer cette victoire. Je me rappelais de cette jeune Teaso, lycéenne de Lavoisier Mulhouse, demandant ce qu’est un Master et à quoi ça servirait. C’est juste quelque chose d’énorme. C’est une vraie expédition où toutes sortes de challenge font appel à tes connaissances, ta logique, ton imagination et surtout ton envie d’apprendre et t’informer encore plus. Pourrait-on juste arrêter de critiquer le système universitaire en France et juste profiter de cet instant de liberté après avoir étudié dur, veillé jour et nuit pour un examen, lutté contre le sommeil pendant un cours :D, été confronté aux camarades plus ou moins insupportables dans la promo et des profs?

Voilà, trois ans après faillir ne pas avoir mon bac, je venais de décrocher le Master MICAI (Management Interculturel et Affaires Internationales) de l’Université de Haute-Alsace. Bac+5! Je repensais à tous les échecs et déceptions que j’ai connus. Je me rappellerai surtout le changement de point de vue que j’avais vis-à-vis de l’Allemagne. Je pensais surtout à elle, ma mère qui n’a jamais eu le privilège de voir mon diplôme de bac, mon entrée à l’université, l’obtention de mon permis de conduire, mon master et désormais, mon entrée à la vie active. Je sais que de là-haut, elle doit être heureuse du parcours que j’ai effectué. Cette réussite, je ne la dédicace qu’à elle et ma famille. Plus rien ne comptait. Même ma rupture sentimentale ne me touchait plus, j’étais sur mon petit nuage et je venais de réaliser ce que je pensais insurmontable et encore loin dans le temps à franchir ce cap: finir les études avec succès.

C’était le plus beau jour de ma vie.

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PS: ça va, vous n’avez pas été trop choqués quand j’ai dit que je regardais les Chtis ou les Anges?? 😀 Parce que je les suis toujours hahaha!

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