À la base, je ne suis pas une personne très bavarde. J’ai même tendance à être asociale et me littéralement transformer en plante verte lorsque des discussions groupées s’y produisent. Des débats par-ci par là, comme les personnes ayant la tchatche en raffolent. Il y a des timides aussi qui viennent juste parce qu’ils ont envie de se faire des amis (certains te regarderont comme si on te reprochait de “chercher l’amitié, espèce de faux-cul”) ou même parce qu’ils veulent faire des efforts pour s’intégrer, afin d’appartenir à un groupe (oui, comme un mouton comme on le dit si bien), mais surtout pour apprendre à connaître d’autres personnes et apprendre l’allemand.
Hier soir, je suis allée pour la première fois au Stammtisch Franco-Allemand à Berlin. Pour ceux qui l’ignorent, le Stammtisch (http://tandem-franco-allemand.blogspot.de/) consiste à “faire connaissance avec des personnes sympas, ouvertes d’esprit et chaleureuses” comme c’était décrit dans le blog. C’est un concept sympa pour les Français qui ont envie de connaître les Allemands et vice versa. Après tout, c’est aussi une bonne raison pour me rapprocher un peu plus de mes compatriotes à Berlin. Du moins, c’est ce que je pensais.
Je faisais partie des premières arrivées hier soir. Les premières minutes étaient assez bien, mais très vite, il y a eu comme des clans (apparemment des gens qui se connaissaient déjà auparavant) qui ta lâchent rapidement pour rejoindre leurs potes. Il faut dire aussi que la disposition des 2 différentes tables au restaurant n’était pas spécialement favorable à toute manœuvre d’échanger librement un dialogue avec tout le monde. Forcément, on peut tomber sur des personnes avec qui le courant ne passe pas trop bien. Il est possible de prendre sur soi pour que éviter les conflits ou les lancements de pics, mais dans ce cas-là, soit tu te mens à toi-même pour mieux t’entendre avec cette personne et te fais passer à la fin pour un hypocrite, soit, tu tentes d’être directe envers elle, lui dis d’aller se faire voir et tu es quand même considéré comme un crevard à la fin.
Les prises de tête, c’est déjà connu à l’école et à la fac. Je n’ai plus envie de dialoguer à travers plusieurs embrouilles, on est adulte et en tant qu’adulte, je m’attendais à ce que les autres “adultes” se comportent également comme tel. Ce soir, j’ai eu l’impression tout à fait opposée. Le niveau intellectuel des discussions étaient tout à fait en bas au niveau -500 étages. Tu sais, l’amour qu’éprouvent les Allemands pour la saucisse par exemple. Insister à tout prix à ce qu’une Française née en Algérie admette qu’elle soit une pied-noir. Et j’en passe.
Ou bien, est-ce juste moi qui suis devenue trop vieille et trop coincée? Possible que oui, parce que j’ai été incapable de me défendre quand on me lançait des pics et ne comptez pas sur moi pour demander une opinion, parce que les prises de tête, c’est de la merde et ça gâche du temps. Je me mentais tout simplement à moi-même, je prenais tout sur moi et me contentais de sourire bêtement en affirmant “oui oui!” Comme si on me proposait des macarons, telle une bête affamée prête à tout pour les avoir.
Malheureusement, je n’ai pas su ouvrir ma gueule, je ne regardais jamais les gens dans les yeux quand on se parle (ptet que ma culture y est pour quelque chose), je suis juste INTROVERTIE. Quand je ne parle pas, ce n’est pas que les gens ne m’intéressent pas, c’est tout simplement que je n’ai pas envie de parler pour rien dire. Cette soirée “franco-allemande” m’a un peu fendu le cœur, j’ai eu l’impression que certains Français sont scotchés aux clichés et qu’ils tiennent vraiment à montrer qu’ils ont raison, parce qu’ils sont têtus et qu’ils aiment les débats pour montrer qu’ils ont la confiance.
“Ah, tu ne parles pas beaucoup? Tu sers à rien!” Est-ce que ça fait tellement du bien de se comporter comme tel? Ou bien, est-ce juste le fait qu’on voit une personne timide qu’on a envie de montrer qu’on est plus intéressants qu’elle? Et ça revendique d’être un expat français pour montrer qu’on sait faire la fête? Ceux qui avouent être ici, uniquement pour apprendre l’allemand, on risque de se faire passer pour un demeuré coincé. Hé oh, il y avait 25 ans, Berlin n’était pas la ville des Bisounours ivres après 4 bouteilles de bière, sous les sons electro, les gens. Wake up.
Toujours est-il que ma fierté alsacienne reprenait le dessus: “Aaah les Alsaciens sont de vrais fachos” et patati et patata. Je me demandais carrément si on vivait dans la même France ou non. A force d’entendre des arguments insultant expliquant la froideur des Alsaciens, tout le monde n’ose pas forcément s’interposer, parce qu’on sait tous que la connerie n’a aucune limite. (oui vous savez, on a deux jours fériés en plus que les autres Français, donc il faut trouver quelque chose pour avoir de la conversation)
Je veux bien croire que les gens apprécient taquiner sans blesser qui que ce soit, mais quand la pertinence des sujets évoqués tend à décroître au point de revenir aux discussions de récré aux collègues, je ne sais plus quoi en penser. Est-ce une imbécilité innée? Est-ce la pluie qui gâche tout? Est-ce moi qui ait été complètement à côté de la plaque? Est-ce que la mentalité provenant de nouvelle génération des Français arrivant à Berlin a changé?
Je pense que c’est carrément un mix des trois. Depuis mon arrivée à Berlin, je me demandais si ça ne serait pas mieux de rencontrer d’autres Français dans la capitale berlinoise, une question qui cogitait pendant trois ans. Enfin, je m’étais, pour une fois, décidée de retirer le balai de mon cul et m’assurer que les personnes de ma nationalité n’étaient pas aussi, soit irréfléchies, soit méprisantes. En réalité, cette soirée Stammtisch m’a juste remise en place et réconfortée dans l’idée qu’il existe encore quelques cas à régler, pour certains. J’ai juste regretté que l’ambiance n’était pas aussi convivial que je l’espérais et j’avais eu en plus, l’impression de gêner quelques personnes.
Exemple: par mégarde, un sac à dos s’était glissé sous ma chaise et sa propriétaire (assise à côté de moi), se décidait (enfin!) à ne plus me tourner le dos pendant quelques secondes pour me faire comprendre que je la gênais. Je lui présente mes excuses comme une stupide nonne pendant qu’elle récupérait son sac et me tourne le dos pour discuter avec sa crew. Sympathique tout ça, merci pour cette conversation fort bien charmante. J’étais venue dans le but de ne pas me faire avoir par mon introversion et ma timidité.
Malheureusement, tout se résulte à un gros FAIL.
Amis Français, je sais très bien que vous allez me prendre pour une pleurnicheuse, c’est bien le cas, je suis vraiment déçue. Le contact avec des Français me manque beaucoup, mais je pense que je vais vous éviter pendant un bon bout de temps.