Ça y est. Plus quelques jours pour tout vider définitivement ma chambre et déménager dans mon nouvel appartement toujours sur Berlin-Mitte. C’est la fin d’une collocation qui a duré 4 ans. Bien que mon nouveau chez moi soit seulement situé à 6 arrêts de métro plus loin, il devient néanmoins difficile de quitter sans un petit pincement au cœur.
Pendant quatre ans, je me réveillais dès qu’il faisait déjà jour quelle que soit l’heure, illuminant totalement ma chambre. Le radio-réveil s’activant sur une chanson diffusée sur FluxFM n’était que la dernière touche finale signalant le début d’une nouvelle journée. En semaine, c’est pour aller au bureau. En week-end, c’est pour profiter de chaque instant de ces deux jours de repos.
Il fallait tout simplement ouvrir la fenêtre pour prendre un peu connaissance de la météo et de la température. Parfois, je vais dans le grand balcon et baisse ma tête, regarde les passants devant notre immeuble, afin de voir à peu près quelles tenues porter. C’est là que l’activité cérébrale se manifeste et nous incite à nous préparer à sortir.
Ces quatre ans à Mitte ont permis d’instaurer des routines solides. Je me voyais encore marcher vers mon ancienne entreprise en 10 minutes. J’eus l’impression d’être une petite souris qui traversait toute la place du Gendarmenmarkt. Au passage, le coffee shop en face de l’arrêt Hausvogteiplatz servait des chai latte aux nombreux employés de la boîte. Le vendredi, il y avait un petit marché alimentaire auquel on prenait quelquefois notre déjeuner.
Lorsque j’ai changé de job, deux ans après mon installation à Berlin, il fallait dire adieu à mon statut de piétonne quotidienne et bondir, encore à moitié endormie les matins, dans ces imondes U-Bahn et S-Bahn. Utiliser la U6 à 8h30 est une expédition assez éprouvante. La foule est importante, les sorties dans les stations ne cessent de se bouchonner inutilement, les gens sont enfermés dans leurs bulles, trop occupés à rattraper leur train pour le travail.
En fin de journée, je fais toujours des détours pour retarder mon retour le plus possible. Mes collègues ne comprennent pas spécialement pourquoi je traîne à partir. D’un côté, il y a cette envie de profiter du monde extérieur après avoir passé 8 heures voire plus, devant deux écrans PC non-stop. D’un autre, il y a ce vide à l’heure du dîner. Quel intérêt de préparer un dîner pour se le taper toute seule? Autant se commander quelque chose à emporter et hasta la vista.
Durant les insomnies parfois dues à la soif ou en manque de nourriture, le Kaiser du Lepzigerstraße, ouvert jusqu’à minuit, m’a comblé d’innombrables fois avant de me coucher. Durant mes journées dominicales sans mon chéri, c’était l’Edeka city en bas de mon bâtiment qui pouvait me dépanner à 100%, lorsque je réalisais l’insuffisance de certains ingrédients pour faire spontanément un gâteau.
Au niveau de l’ambiance, j’eus parfois l’impression de vivre comme une quarantenaire, peut-être dû aux rencontres furtives avec les voisins de différents étages dans l’ascenseur: des profs, des médecins, des hommes d’affaires, des cadres quoi. Le Mitte que je vais quitter, était un Mitte très touristique, quelque peu arrogant en journée et peu animé en soirée, si on compare aux coins plus dynamiques de Berlin. Mort en soirée au niveau des spots à manger et boire, en revanche bruyant, parce que… oui c’est Mitte, là où on entend de nombreux véhicules rouler.
Mais durant les occasions, comme les matchs de football, je pouvais tout de suite deviner les goals sans regarder le match, rien qu’en entendant les cris des supporters de la Mannschaft au Charlie’s Beach et c’était plutôt marrant. Idem pour les grandes manifestations, c’est le ramadan.
Pendant quatre ans, Mitte, tu as fait de moi, une vraie habitante berlinoise, sans trop chercher à savoir si je devais préférer Berlin-Est à Berlin-Ouest. Le milieu était le meilleur compromis, pour aller dans un des deux côtés de la ville, de manière égale. Contempler le lever du soleil au milieu des gratte-ciels voisins au balcon, va certainement me faire regretter de vivre au deuxième étage du bâtiment sans balcon.
Qui dit fin de WG, dit pas de colocataire présente te rassurant durant les soirées trop calmes à ton goût, susceptibles de développer tes angoisses avant de dormir (oui je suis superstitieuse et crois toujours aux fantômes). Ça va aussi me manquer les magasins ouverts tard le soir en cas de famine avant le sommeil au pied de l’immeuble ou à moins de 5 minutes de marche depuis la maison. La vue de la rue le soir et les immeubles voisins illuminés. Prendre un smoothie pour dîner au REWE de la galerie commerciale the Q Shopping. Hésiter à acheter de nouvelles fringues H&M avant de croiser la troisième boutique dans la même rue au bout de 15 minutes pour finalement acheter des conneries. Les chocolats chauds au Fassbender und Rausch. Accéder à l’immeuble comme une privilégiée avec un badge à pointer. Ouvrir la grande fenêtre de la chambre en grand. Les mini-brunchs faits avec nos potes pendant les samedis hibernaux.
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Écouter les derniers mix du voisin du dessous, le DJ qui met tout le temps sa musique à fond. Revérifier une dernière fois si la tenue est assez décente pour partir au bureau face au grand miroir. Et j’en passe.
Au revoir Mitte, même si on retrouvera très vite.
D’autres perspectives vont s’ouvrir… 😉 Je quitte Mitte pour Schöneberg d’ici quelques jours et un peu le même sentiment m’envahit. On va surmonter ça !
Oui! Courage à toi Étienne! J’espère que tu te plairas dans ton nouveau chez toi, Schöneberg, c’est trop chou comme quartier!
Bon déménagement 🙂
Merci beaucoup 🙂