Aujourd’hui, je réalise que ça faisait déjà 4 ans que je vis dans la capitale berlinoise et sans savoir trop pourquoi, j’ai eu envie de me faire un “petit” bilan résumant un peu mon état d’esprit…
Un jour du 31 mars 2011, où le stress n’arrêtait pas de m’envahir, car je connaissais pas cette ville comme je la connais aujourd’hui, je quittais Mulhouse, en blessant quelques personnes. Il y a eu ce stage dans cette “start-up” américaine à l’époque qui faisait un tabac dans le monde du webmarketing. D’ailleurs, c’était à cette période-là qu’on commençait à percevoir Berlin comme la ville des start-ups, des business projects souvent entamés dans un petit open space hébergé principalement dans des Altbauwohnung. Ce stage a été le tremplin de ma vie professionnelle, car 4 ans plus tard, je suis toujours restée dans ce même domaine et ça me plaît.
Berlin, c’est la capitale des fêtes et des clubs. Je ne l’ai compris que tardivement, les journées berlinoises se résumaient à boulot-métro-electro-dodo. Les nombreuses boîtes donnent une large liberté d’apprécier les genres musicaux qui nous intéressent, sans avoir l’impression d’aller au même endroit tous les week-ends. J’adorais aller au Magnet pour vibrer aux sons hard rock. Ça ne me dérangeait pas d’écouter du deep house au Chalet ou au Heidenglühen. Passer 48h à consommer n’importe quoi au Sysyphos pour finir dans un état second… je ne referai plus cette connerie. Les deux premières années à Berlin étaient du vrai n’importe quoi et je m’en veux d’être tombée dans cette spirale “Uhhh das ist sooooo Berliiiiin“, parce que c’était cool. Ces derniers mois, je réalise que j’ai atteint ma limite, MAIS je ne dirai jamais non à un petit concert punk, comme celui des DFA1979.
Parfois, passer le panneau de Berlin rend les nouveaux arrivants, célibataires ou bientôt célibataires, comme cela a été le cas pour moi. Un mal pour un bien finalement. Qui n’a pas tellement duré. J’ai rencontré ce beau Berlinois, un brun aux yeux bleus qui devenait un ami déjà en été 2011. L’année suivante, comme si c’était une évidence (sous l’effet de l’alcool oupsss), on s’est timidement mis en couple, face à notre groupe d’amis, approuvant depuis bien longtemps notre relation, avant qu’elle ait même débuté. 😀 Bientôt nous allons fêter nos 3 ans le mois prochain. <3
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Pendant ces quatre ans à Berlin, je n’ai cessé de rencontrer ces personnes qui venaient et repartaient dans leurs villes natales ou partaient pour de nouvelles aventures. L’amitié se fait spontanément mais s’estompe aussi vite qu’apparu. Je trouve ça triste. Toute ma vie sociale à Berlin est basée sur mon environnement professionnel. J’évite de passer outre professionnel, pour éviter les déceptions, alors on me considère froide et associale, mais c’est tout simplement par manque de confiance que j’agis ainsi. C’est égoïste de dire ça, mais ça m’a pas mal sauvé la mise.
D’un point de vue personnel, l’expérience berlinoise m’a bien plus qu’ouvert l’esprit et me faire remettre en question, j’ai voulu connaître un peu plus l’Allemagne et j’aime encore plus sa culture et sa mentalité. Parallèlement, elle a ses défauts (la preuve – si ce n’est pas que les taxes ou sa gentrification), mais c’est souvent des personnes comme moi qui rendent les Berlinois de plus en plus grincheux. L’augmentation des prix immobiliers dans les quartiers Neuköln ou Kreuzberg, les endroits authentiques comme Neue Heimat qui deviennent petit à petit hype, le Tacheles qui a fermé quelques années auparavant, les travaux interminables qui dominent Warschauerstrasse ou Unter den Linden, nous envoient le message suivant: Berlin s’embourgeoise et c’est trop tard. La ville se développe à un rythme incessant et on doit la prendre comme elle est désormais. C’est de notre faute. Je sens déjà les futures générations arriver et ça ne va pas être très très beau.
4 ans de vie arrivent bizarrement à basculer tes idées à 22 ans vers des points de vues totalement opposés à 26 ans. Il y avait des éléments que je pouvais tolérer dans ma jeunesse et qui ne passaient plus du tout aujourd’hui pour moi. Je ressens un changement dans mes envies personnelles pour mon propre confort. Ça doit être l’âge qui nous rend plus exigeant et inquiet pour notre futur. Si ce petit écart de 4 ans me laisse déjà pensive, alors je n’imagine pas le passage à 30 ans.
Il y a ce côté à Berlin qui nous laisse la chance de revivre comme si on avait 20 ans et il y a la réalité qui nous rattrape lorsqu’on atteint un nouvel âge (même sketch, économies d’argent, investissement personnel, mariage, enfants, projets persos à long-terme) et je vous avouerai que ça me fait un peu peur. Les seules choses que j’aurai gagné ici, sont une bonne salaire, une belle expérience acquise accompagnée d’un gros réseau professionnel et mon chéri berlinois avec qui le courant passe mieux que prévu… est-ce que tout cela me suffira? Ces 4 ans à Berlin clôturent petit à petit une grosse partie de ma jeunesse pour ouvrir un autre chapitre, qui sait, mais quand exactement? Et avec quels éléments dans cette dernière partie de ma vie de jeune adulte?
Pour le moment, je suis en train de remplir mon deuxième scrapebook berlinois 😀
Je lis ton article comme si tu parlais d’une autre ville que de celle ou je vis ! C’est fou comme on peut tous vivre une expérience complètement différente les uns des autres dans la meme ville.
Pour moi c’est tout l’inverse de ton expérience et d’ailleurs, Berlin, ça sera fini pour moi juillet prochain. Mais ça fait plaisir de lire que tu as l’air épanouie ! Pourvu que ça dure !
Bonne continuation
Même moi, quand je repense à mes premiers mois berlinois, j’avais l’impression que c’était déjà une autre vie… Où vas-tu partir en fin juillet? Il faudrait refaire un petit apéro blog! 😉