Un sentiment post-bachelier


Home Sweet Home, Humeurs / dimanche, juillet 8th, 2012

Alors c’était bien cette semaine que les bacheliers français ont eu leurs résultats? C’est toujours intéressant de connaître les sujets sur lesquels ils sont tombés en philo, sur quel livre ils seront interrogés en oral ou voir si la calculatrice est autorisée durant l’épreuve de maths. Dans les infos, je vois une horde de jeunes se battant, cherchant à tout prix leur nom, espérant qu’il serait inscrit dans la liste des admis.

Tout d’un coup, j’ai eu un flashback, où je me revoyais six ans plus tôt. Je me tenais loin d’un groupe de jeunes devant un lycée de Mulhouse qui voulaient voir à tout prix s’ils avaient eu leur bac. Je les regardais réagir, passer d’un état de stress vers l’euphorie ou passer d’une attitude confiante vers une déception sans précédent. Des larmes, des cris, des mots qui disent tout et n’importe quoi, des jeunes au téléphone pressés d’annoncer la nouvelle à leurs familles et proches.

Ce jour-là, j’ai traîné l’après-midi avec mes amis de l’époque. Mes amis de lycée. Je ne savais pas vraiment dans quel état d’esprit, je devais être, mais je savais d’ores et déjà que ça me ferait beaucoup de mal de ne pas avoir le baccalauréat. Je sais que je n’étais pas la meilleure élève du promo et que le travail que je fournissais n’était pas assez suffisant pour arriver à un bon niveau. Je pouvais toujours me justifier en disant que ce n’était pas facile, que j’avais vécu un drame quelques mois avant et que je n’avais pas forcément le temps pour bien me concentrer et réviser, mais j’aurais dû lutter contre la flemme.

J’avançais tout doucement vers les tableaux d’affichages où j’eus l’impression que les listes se raccourcissaient au fur et à mesure que je m’approche. Je cherchais lentement, toujours de façon distante mon numéro de jury. Je le trouve. Encore 5 mètres et je peux parcourir ces différents noms inconnus et familiers en espérant trouver 5 lettres commençant par T qui pourraient me rendre très heureuse. Soudainement, une de mes amies proches vient vers moi en larmes: elle l’a eu. J’étais contente pour elle et à la fois jalouse. Je sentais que je pouvais la détester si je ne trouvais pas mon nom sur la liste.

Au final, j’ai trouvé mon nom avec la note suivante: “Passe au second groupe“. J’ai eu l’impression d’être dans un cauchemar, c’est la première fois que ça m’arrive et que je réalise à quel point mes efforts étaient insuffisants pour parvenir à ces résultats. “C’est pas possible… Non… Je ne peux pas! J’ai même pas eu la moyenne!“. Je ne suis pas la plus mauvaise élève non plus! Je suis une des élèves qui a les meilleures notes en langues étrangères et j’ai “enchaîné avec deux bacs blancs en maths d’un excellent niveau” comme disait mon ancien prof de maths sur mon bulletin de troisième trimestre. J’ai quand même eu un léger sentiment que j’avais le droit d’espérer d’avoir au moins la moyenne. Eh bien, ce n’était pas le cas. J’avais eu très peur. Le fait de passer au second groupe me désolait aussi, je ne comprenais plus rien. Je m’éloignais du tableau progressivement et allais m’isoler dans un coin du lycée pour m’asseoir par terre et poser mon visage sur mes genoux et sangloter en espérant que c’était un cauchemar. Mon portable vibrait, mon nom se faisait crier par mes camarades qui me cherchaient, je ne voulais plus rien entendre.

L’année scolaire 2005-2006 était l’année qui m’a totalement bouleversée. Ma mère décédée, des résultats scolaires qui m’ont déçu plus que jamais, une déception amoureuse à l’époque et maintenant ça: l’échec. J’avais envie de partir loin et me dire que tout cela n’était pas important. Je me rappelais encore des remarques négatives faites durant mes épreuves d’oraux l’année dernière. Je m’étais effondrée en larmes aussi durant un bac blanc parce que j’étais tellement nerveuse de ne pas avoir ce bac. Et ce cauchemar se réalise.

Je dramatise beaucoup ces choses-là, parce qu’à présent, je me rendais compte que je me surestimais beaucoup trop. Et j’avais tort. Comme on me le disais très souvent: “Tant qu’il y a de la vie, il y a toujours de l’espoir“. Je le reconnais. Parce que je voulais vraiment réussir, ce bac mettait fin à mes chères années lycée en beauté que je n’oublierai jamais et c’était aussi rendre hommage à ma défunte mère qui voulait à tout prix me voir dans une université. Je ne m’étais jamais sentie aussi stupide, quand j’ai annoncé en larmes la nouvelle à mon père. J’avais peur qu’il soit déçu et je ne voulais en aucun cas qu’il me voie redoubler. D’un coup, le fait de passer les rattrapages me rassuraient légèrement. Et le lendemain en recherchant mon livret scolaire et mes notes au lycée, je voyais mes professeurs abasourdis par le fait que je passais au second groupe. Apparemment, ils devaient me voir comme une bonne élève. Je découvrais quand même qu’il ne restait pas beaucoup de points pour réussir les rattrapages, j’avais toujours mes chances de réussir ce bac. Je continuais à réviser mes leçons d’économie, en espérant que cette matière à lourd coefficient pourrait faire basculer mes notes au-dessus de 10. Et donc basculer ma vie.

Le 7 juillet 2006, je suis devenue titulaire d’un Baccalauréat Economique et Social au Lycée Lavoisier de Mulhouse. J’ai passé mes oraux avec succès, malgré des notes assez surprenantes de façon négative, je m’en fichais totalement. J’ai eu ce bac et je vais pouvoir quitter le lycée non sans tristesse, en même temps que mes amis. Je ne savais pas encore dans quelle fac aller ou ce que je voulais faire à la rentrée, tout ce que je sais, c’était vouloir faire faire quelque chose de bien qui susciterait beaucoup d’admiration et surtout de fierté de la part de mon entourage.

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