Ces trajets entre Berlin et Mulhouse

À bientôt 30 ans, je peux commencer à me vanter d’avoir vécu de sacrées expériences perso. Chacun de mes retours en région mulhousienne est destiné à me reposer et revoir ma famille et mes proches. En réalité, je me rends compte que ce n’est plus trop ça, depuis quelques mois.

Que ce soit pour un court week-end ou une dizaine de jours, je réalise qu’en revoyant ces mêmes personnes en Alsace, j’effectuais un voyage temporel : un retour dans le passé. On entend souvent dire que le cercle amical se réduit au fil des années, chose qu’on ne peut contredire. À l’âge de 20 ans, on goûtait à la joie de vivre, mais aussi aux plus grosses déceptions qui pouvaient nous faire tomber plus bas que terre. Un jour, on aura eu 30 ans et en repensant à la phrase précédente, on se rendrait compte que tout cela n’était peut-être pas si important que cela, mais ce fut de belles leçons à retenir.

En rentrant dans la ville où j’ai grandi, il y a toujours ces chemins et ces lieux qui me ramènent sans cesse dans le passé. Ce quartier où j’ai grandi, ce chemin emprunté pour aller à l’école, cette maison qui me rappelle comment était la vie avec ma famille avant ça…, cette cour où je marchais pour rejoindre le lycée, ce resto où je me réunissais avec mon petit groupe de l’époque… C’est toujours la même once de nostalgie qui m’envahit à chaque trajet Aéroport-Maison. C’est comme si ces souvenirs appartenaient à une autre personne. On était tellement heureux, mais désormais, c’est devenu une ancienne époque de ma vie. Il m’arrive parfois d’y penser, parce que cette partie de ma vie me manque, mais j’avais déjà conscience que ce bonheur n’est qu’éphémère. En bref, c’était comme relire un vieux bouquin apprécié et m’imaginer ce que je serais devenue, si je n’avais pas décidé de retourner à Berlin. Est-ce que je serais mariée et heureuse ? Sûrement. Mais heureuse dans un sens différent. Épanouie professionnellement ? L’entreprise où je travaille actuellement me procure tellement d’opportunités de développement que je me suis découverte une nouvelle facette de moi-même, qui me plaît. J’ignore finalement si mon profil serait intéressant dans le marché de l’emploi en région mulhousienne ou frontalière.

Après tout ce que j’ai vécu durant ma vingtaine, le plus gros trésor de la vie reste incontestablement l’amitié. J’ai toujours pensé que l’image de soi renvoyé aux autres était la chose la plus importante : les bonnes notes en classe pour se faire admirer, raconter ses coups de cœur amoureux pour tisser des liens avec les autres, faire de belles expériences pour engager des conversations, facile. Bizarrement nos soucis personnels sont les moins partagés. Pendant qu’ils s’aggravaient, on les évitait comme de la peste, par peur d’étaler toute notre faiblesse face aux autres. Alors on continue de porter ce masque souriant, cachant notre douleur profonde qui ne cesse de se creuser. On ne le fait pas forcément exprès, car il y a eu comme un blocage intérieur. Malheureusement pour moi, il m’a fallu d’un drame familial pour comprendre ce que c’est vraiment de mûrir. Dans ce genre de situation, on ne ressentait que de la solitude. Sûrement le côté individualiste de l’être humain, on n’intéressera personne avec cette discussion. Un jour, je me suis rendue compte que je m’étais trompée. Les personnes qui comptaient, étaient présentes, compatissaient avec et se rendaient disponibles. Ce fut un sentiment que je n’avais jamais ressenti auparavant : du soutien moral capable de me faire sécher des larmes, comme si un sentiment de sécurité y est venu. C’est là que j’ai compris le véritable sens de l’amitié : présence dans les meilleurs ET dans les pires moments de la vie. On a tout fait pour me faire remonter la pente. Ça a très bien marché.

Je ne nie pas que mon cercle amical s’est réduit depuis ma vie berlinoise, malgré un cercle social croissant. Disons juste que les amitiés ont connu des hauts et des bas, certaines ont moins duré sans qu’on ne comprenne pourquoi, d’autres nous ont pas mal déçu et il y a eu même des amitiés toxiques. Heureusement, certaines amitiés restent encore intactes, voire renforcées. J’ai mes noyaux durs “Lavoisier” et “UHA”, mes Gossip Girls de Mulhouse, mon chéri et mes piliers berlinois. Tout cela me suffit, je les remercie d’être eux-mêmes, d’avoir toujours conservé ce lien qui leur lie à moi, malgré la distance. Par contre, j’espère qu’ils savent déjà qu’ils peuvent toujours compter sur moi dans les meilleurs ET dans les pires moments de la vie.

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